samedi 27 décembre 2008

Le monde à l'envers

Je découvre (tardivement, j'en conviens) le blog d'Éric Chevillard.
Ce n'est pas vraiment du contenu dont je souhaite vous entretenir (c'est du Éric Chevillard, ne me dites pas que vous n'avez jamais lu Éric Chevillard, tout de même !), d'autant que plutôt de le lire sur son blog, vous feriez mieux d'acheter le bouquin qu'il en a fait et qui paraît le 20 janvier 2009 aux éditions de l'Arbre Vengeur.
C'est plutôt de la forme. En tête de chaque page se trouve une ligne de liens permettant d'atteindre facilement la page de son choix :


Ce qui est curieux, c'est le phénomène d'inversion propre au blog que provoque cette ligne :
En effet, le lien "début" vous emmène tout droit à la dernière page publiée, alors que le lien "fin" vous ouvre le tout début et la toute première page de ce blog.
Ça ne vous fait pas sourire ? Ah, bon. Je suis déçu.

NB : Le chiffre 404 sur l'image, ce n'est pas une erreur, c'est la 404° note d'É. C.

mardi 9 décembre 2008

Allez, souris !












Voilà qu'on nous propose aujourd'hui de fêter le 40° anniversaire de la souris, la plus belle extention de la main imaginée par l'homme depuis l'invention du biface.
C'est une bonne idée, mais c'est un peu faux.

C'est en effet le 21 juin 1967 que Tonton Doug Engelbart (grâces lui soient rendues) a matérialisé sur le papier son l'ingénieuse idée de faire avancer une petite boîte en bois dotée de 2 roues orientées à 90°. Vous vous marrez ? Eh bien fallait y penser vous-mêmes.
Une invention pareille, ça fait une vie, non ? Ben non, en fait. Tonton Doug (je dis ça pour la foule des jeunes qui suivent mon blog avec attention, les vieux le savent déjà) est également l'inventeur d'un truc absolument génial sans lequel la vie ne serait pas ce qu'elle est : le lien hypertexte. POur ceux qui l'ignoreraient encore (?), un lien hypertexte, c'est ce qui vous permet, en cliquant sur la souris en bois ci-dessous, d'assister à la présentation en live de l'invention de Doug.










Et on dit "merci", en plus, car c'est pure bonté d'âme de sa part si vous n'êtes pas obligé de payer des royalties à chaque fois que vous encapsulez un lien dans un texte ou une image !

vendredi 28 novembre 2008

La mort en ce jardin

• Un Sdf retrouvé mort à Paris, rue de la Cerisaie
• Un Sdf retrouvé mort à Gennevilliers
• Un Sdf retrouvé mort au Bois de Vincennes
• Un autre Sdf retrouvé mort à Paris...

• Un Sdf retrouvé mort devant chez vous.
Mais non, je rigole !

NB : Le titre de ce post est naturellement celui d'un film de Luis Bunuel (et de Raymond Queneau, entre autres co-auteurs, ce qui est moins connu.)

lundi 24 novembre 2008

Leçon de vocabulaire : de récolement à décollation

Sous la direction bonhomme d'un solide Cœur Vaillant, ils vont donc récoler... ou au moins tenter de le faire !
Récoler, recompter donc, et non point recoller (les morceaux). Et à vrai dire, qu'on récole ou qu'on ne récole pas, il y a fort à parier qu'il n'y aura rien à recoller à l'issue de cette opération de comptage qui devrait s'effectuer dans une ambiance de franche, voire très franche, camaraderie comme on disait au-delà du rideau de fer quand on avait eu des mots en secret (l'avantage étant qu'à l'époque, seul le communiqué final permettait de comprendre qu'on s'était échangé des noms d'oiseaux, alors qu'aujourd'hui, on rigole un peu plus !)

Quoi qu'il en soit, il est à peu près sûr qu'on passera du récolement à la décollation, quand l'heureuse mais difficilement élue, quelle qu'elle soit, poursuivra sa concurrente et néanmoins camarade en criant, à la manière de la Reine de Lewis Carroll "qu'on lui coupe la tête, qu'on lui coupe la tête !"

samedi 15 novembre 2008

J'ai 3 mots à vous dire

Le Président Obama a déjà bien du boulot. Et malgré son immense volonté, il lui arrive de douter... Oui, tout ce que j'ai promis, se demande-t-il, est-ce vraiment possible ? Généralement, il garde ses doutes pour lui, bien sûr. Mais voilà, en marge du G20 auquel il ne participe pas officiellement, il a eu l'occasion d'échanger avec des politiques et des industriels du monde entier.
Pris par une violente crise de doute, le voilà qui laisse échapper :
- Oh là là, we can, we can... Facile à dire ! Et si finalement c'était impossible ?
Alors un de ses interlocuteurs (qui, sans doute, avait été agacé par la brillante prise de position du patron de Nike, quelques jours plus tôt) l'interpelle vigoureusement :
- Impossible is nothing !






Ainsi va la vie. Quel joli monde, dans lequel 3 mots suffisent à bâtir un projet (Yes we can), définir un programme (Just do it) et se forger une conviction (Impossible is nothing).

mardi 11 novembre 2008

34191 jours

Entre la mort du Caporal Peugeot à 19 ans (photo ci-contre), le 2 août 1914, premier mort français de la première guerre mondiale et celle de Lazare Ponticelli, 109 ans, le dernier survivant, le 12 mars 2008, il s'est écoulé 34 191 jours (Trente quatre mille cent quatre-vingt-onze jours !)

Ce matin, devant ma télé (j'étais pas dans mon lit douillet, mais c'est tout comme) je regarde la commémoration de l'Armistice à Douaumont. À 20 ans, bidasse, j'y ai fait une prise d'armes dans le froid et un vent qui comme aujourd'hui faisait flotter les pavillons avec la discrète élégance qui sied aux reportages télévisés, et je vous jure qu'il est impossible, immobile et fiché au garde-à-vous pour la durée indéterminée que jugeront bonne les officiels présents, entouré de ces milliers de tombes, toutes plus égales les unes que les autres, ou errant dans l'ossuaire, cherchant on ne sait quoi, de ne pas avoir envie de hurler avec Prévert "Quelle connerie la guerre".
Car 50 ans après l'événement, et au-delà des tombes soignées avec beaucoup plus de vigilante attention et d'affectueux bons soins que ne le furent jamais leurs occupants, la terre de Verdun respirait encore la mort et le chaos. À l'époque, tout cela me semblait loin... 40 ans après, c'est à dire aujourd'hui, le temps s'est rétréci, 90 ans est un âge que je peux envisager d'avoir assez vite, donc, à rebours, c'est hier ; et Verdun reste Verdun, comme en témoigne le petit document ci-joint.


Que ce matin, Sarkozy ait quasiment réhabilité les déserteurs et les fusillés, victimes d'erreurs de commandement ou à qui on avait demandé plus que ce qu'ils pouvaient supporter paraitra peut-être futile ou sans intérêt aux jeunes générations... C'est au contraire un signe fort que la Der des ders entre enfin dans l'Histoire, après que le soldat Ponticelli a fermé la porte en sortant. Qu'on se souvienne que Les sentiers de la Gloire de S. Kubrick, tourné en 1957, ne fut autorisé en France qu'en 1975...
Ne manque plus, pour boucler la boucle, qu'on fasse un bon vieux procès en incompétence et en stupidité au génialissime Nivelle et consorts, pour qu'il soit définitivement établi que les cimetières militaires sont aussi la conséquence de la bêtise obstinée de quelques haut-gradés, et non pas, comme aimait à le répéter inlassablement le Capitaine qui commandait la Compagnie dans laquelle j'étais trouffion, "une erreur de crapahut" (ce mot étant sans doute tombé dans l'oubli grâce à la suppression du Service national, je précise que c'était la dénomination offcielle des marches militaires, en manœuvre ou au combat, il y a quelques années ; existe aussi sous la forme crapahuter : marcher dans des conditions difficiles.)

mercredi 5 novembre 2008

Une belle leçon de réalisme

Sitôt élu, le nouveau (futur) président des USA s'est mis au travail.
Il a réuni son staff de campagne et l'a complété de quelques sommités du monde économique.
Il y a là les patrons de toutes les grandes entreprises américaines.
- “Well, commence le président, je suppose que vous avez eu le temps de réfléchir aux solutions qu'attend le pays et qui font écho à ma promesse de campagne « Yes we can ! »

À ce moment le patron de Nike se lève :
- “Yes, Mister President.“
-“Et alors ?“
-“Just do it !“


Ce que j'aime chez nos amis américains, c'est que tout est toujours assez simple !

NB : je profite de ce post stupide pour m'inscrire en faux : il n'y a génétiquement pas plus de raisons de dire que l'Amérique a élu un président noir que de dire qu'elle a élu un président blanc.

vendredi 26 septembre 2008

In memoriam George Orwell

À l'heure où l'on re-publie partiellement George Orwell et de nouvelles études paraissent sur l'auteur d'Animal farm, je propose de décerner le "PRIX 1984" à la société Axis Communication dont le slogan publicitaire est :

"Bienvenue dans un nouveau monde de vidéosurveillance"

C'est épatant, non ?
Il faut dire que la vidéo correctement installée dans un point de vente peut non seulement permettre "une prévention des pertes plus importante", mais aussi "générer des rapports d'erreur d'encaissement liés à la vidéo" parce que c'est bien connu, il n'y a pas que les visiteurs qui génèrent des pertes, il y a aussi les caissières qui "oublient" de comptabiliser un article.

mardi 9 septembre 2008

Edvige

Si j'ai bien compris, Edvige est un fichier dans lequel seront entre autres recensés tous les mauvais garnements susceptibles de commettre une infraction.
Après avoir bien réfléchi à la question, et dans le souci de simplifier la vie administrative de nos concitoyens, j'ai une suggestion à faire :
Est-ce qu'il ne serait pas plus simple de ficher ceux qui ne sont pas susceptibles de commettre une infraction ?

mercredi 30 juillet 2008

Devoirs de vacances (niveau : débutant)

Étant donné Alcatel-Lucent, calculez le diamètre du parachute doré de Patricia Russo, sa directrice générale démissionnaire.
Pour vous aider, on vous donne les chiffres suivants :
- Résultat de l'entreprise en 2007 : 3,52 milliards de dollars de perte.
Résultat de l'entreprise au 1er semestre 2008 : 1,1 milliard de dollars de perte (en net progrès, donc !)

Réponse : 6 millions d'euros. Son compère Serge Tchuruk, Président du conseil d'administration également démissionnaire ne touchera rien, le pôvre. Il faut dire qu'il a déjà touché 5,6 millions d'euros en 2006 quand il avait quitté la direction générale de cette florissante entreprise.
La vache, c'est quand même dur, la vie de patron du Cac 40 !

mardi 22 juillet 2008

Enfin !

Le bon "docteur" Karadzic, à qui on donnerait hâtivement le Bon Dieu sans confession en le voyant sur cette photo a donc enfin été arrêté, 13 ans après les massacres de Srebrenica.
Pour quelques crimes de rien du tout que je rappelais ici même l'an dernier.
Manque plus que son grand ami Ratko Mladic et le compte sera presque bon.
Ça ne réveillera pas les morts, mais ça permettra peut-être à certains (sur)vivants de mieux dormir.

Photo : AFP, empruntée au site du Figaro.

vendredi 18 juillet 2008

Les méfaits du dopage : enfin des preuves !


Piepoli exclu du Tour ! Le champion ne pouvait plus échapper à la sanction après que chacun eut pu voir que l'abus de produits dopants et anabolisants lui avait fait pousser un troisième bras qu'il n'a pas réussi à cacher lors de son arrivée triomphale à l'étape de Hautacam.
À part ça, question innocente d'un très modeste cycliste amateur de randonnées du dimanche : peut-on vraiment faire un Tour de France au rythme imposé par la télé sans être totalement chargé ?

Photo : AFP, empruntée au site du Figaro et à peine retouchée...

mercredi 2 juillet 2008

Confession

J'avoue... J'ai vu avant-hier "Bienvenue chez les ch'tis"
Comment ce machin a-t-il bien pu faire 20 000 000 d'entrées ???
Les acteurs parlent un ch'ti d'opérette. Ça fait un moment que Dany Boon n'a pas dû mettre les pieds dans un bistrot de quartier populaire de la région, quant à Line Renaud (bon anniversaire, Madame) elle n'a visiblement jamais parlé ch'ti de sa vie et elle anone son texte que ça fait pitié.
Bref, le seul moment drôle du film est celui où les postiers montent un "enfer du nord" de pacotille, à base de corons à moitié abandonnés et de maisons ruinées... Le problème, c'est que ça tient plus du reportage que de la charge humoristique ! N'oubliez pas : 15% d'illettrisme dans le Nord-Pas-de-Calais, ces 2 départements étant joyeusement classés derniers par l'Express de cette semaine en terme d'état de santé des habitants, ça vous laisse imaginer des gens en mauvaise santé et inaptes à tout travail demandant simplement de savoir lire... Autant dire que ça fait un bon paquet de monde qui n'a pas les moyens d'habiter un joli pavillon de banlieue ou une charmante maisonnette très couleur locale à Bergues.

Une "simple" fiche de paye...

Alors que nos braves sénateurs débattent en ce moment même du nouveau statut de l'auto-entrepreneur (excellente initiative à mon sens, même si elle n'est pas sans danger, mais ceci est une autre histoire) qui permettra à tout un chacun de déclarer une modeste activité commerciale ou de services et de s'acquitter forfaitairement de son IRPP et de ses charges sociales par un prélèvement strictement proportionnel, sans système diabolique de provision à N+1 d'ajustement à N+2, de régularisation à N+3 et autres calculs à la mord-moi-la-calculette qui font que même un expert comptable est parfois bien en peine de prévoir ce qu'il faut mettre de côté pour qu'un pauvre entrepreneur puisse faire face à ses charges futures.
Enfin une mesure de simplification administrative.
Par comparaison, j'ai regardé combien de données chiffrées figuraient sur les fiches de paye de mon entreprise. Je ne parle là que des données ayant directement rapport avec la rémunération : base, taux, montant, tant pour le salarié que pour l'employeur. Ne sont donc pas comptés les autres valeurs chiffrées (N° de sécu, dates diverses, etc.)
Ça va grosso-modo du simple au triple, selon la situation. La plus simple comporte 54 données chiffrées... et il s'agit de la fiche de paye d'un apprenti, très largement exonéré de charges sociales !
La plus... complète en compte 154 !
Pas mal, non ?

Photo : illustration empruntée à Ciel ! Éditeur bien connu de logiciels de paye.

mercredi 4 juin 2008

Lettres de prison

Pascale Robert-Diard, journaliste judiciaire au Monde et blogueuse impénitente (à voir ici) a fait une trouvaille qui vaut son pesant de ... de quoi au fait ? Je me le demande d'un seul coup !
Il s'agit d'une authentique circulaire émanant du Ministère de la Justice ; elle est datée de 1949 :

“Paris, le 29 juillet 1949,

Messieurs les directeurs des circonscriptions pénitentiaires,

Il a été prescrit par une précédente circulaire que du papier hygiénique devait être mis en quantités suffisantes à la disposition des détenus afin d’éviter la détérioration des volumes des bibliothèques.

Je crois devoir vous rappeler ces instructions qui paraissaient être méconnues dans certains établissements où leur application se heurte sans doute à des inconvénients d’ordre financier. C’est pourquoi, au cas où l’achat du papier hygiénique engagerait des dépenses trop élevées, il y a aura lieu de distribuer des vieux journaux ne présentant plus aucun caractère d’actualité”.

Ça m'a rappelé mon enfance. Dans la maison de vacances, les cabinets étaient équipés de l'annuaire téléphonique de l'année précédente. Nous étions priés de découper chaque page en 4 ; il faut dire que nous étions assez nombreux à occuper cette maison et qu'à l'époque, les abonnés au téléphone du département du Loir-et-Cher où elle se trouvait, ne l'étaient guère !

mercredi 21 mai 2008

Oh, dis, putain, t'as vu le prix de l'essence ?!

- Eh oui, je l'ai vu le prix de l'essence. Environ 1,45€ le litre de Super machin 95 aujourd'hui.
- Ouais, bien dis-donc, c'est vachement cher. Encore un peu et je ressors mon vieux biclou ! Dommage que j'aie si mal au genou.
- Cher, cher, comme tu y vas. 1,45€ le litre, ça veut dire qu'avec un Smic à 8,63€ tu peux t'acheter 6 litres de super.
- Quoi, 6 litres seulement ? Mais tu vas nulle part avec 6 litres !
- C'est vrai, tu vas pas très loin. Mais regarde un peu dans ton rétroviseur : il y a juste 40 ans, en mai 68...
- Ah ! Ouais, super, Mai 68, qu'est-ce qu'on s'est marrés ! Tu te souviens ?
- Oui, oui, mais à cette époque...
- Justement, à cette époque, l'essence était pratiquement donnée !
- Ben en réalité, pas tout à fait, elle était à 1,04 franc.
- Tiens, qu'est-ce que je te disais : donnée elle était l'essence. Je me souviens, on mettait 20 litres dans la deuche, et roulez jeunesse !
- C'est à dire que, en fait, tu vois, 1,04 franc, en euros constants, ça fait 1,12 euros d'aujourd'hui.
- Ah ? Tant que ça ?
- Ben oui, mon lapin, et avec un Smic à 3 francs (après les accords de Grenelle), soit 3,24€ en euros constants, finalement, le smicard, avec une heure de boulot, il ne se payait même pas 3 litres d'essence. Et de l'ordinaire, encore !
- Attends, t'es en train de me dire qu'en roulant au Smic, on peut polluer deux fois plus aujourd'hui qu'il y a quarante ans quand la vie était si belle ?
- Ben en quelque sorte, oui...

mercredi 14 mai 2008

Rigoletto

L'Opéra de Lille donne actuellement un magnifique Rigoletto, avec en particulier Stefano Antonucci dans le rôle titre et Stacey Tappan dans celui de Gilda.
Rigoletto (G. Verdi, 1851, d'après Le Roi s'amuse de V. Hugo), c'est bien sûr une sévère critique des puissants qui s'amusent aux dépends des obscurs, des sans-grade, comme ce pauvre bouffon bossu de Rigoletto, mais c'est aussi la malédiction (titre original de l'œuvre) qui s'acharne sur Gilda et son trop possessif père, Rigoletto. À force de vouloir faire son bonheur malgré elle, les choses se terminent mal...
À Lille, le duo Rigoletto-Gilda fonctionne à merveille. À la fin du 2e acte, les deux protagonistes fusionnent dans un duo qui vous met les larmes aux yeux. Au début du 3e, Rigoletto donne la mesure du malentendu ("Elle est mon seul bien", dit-il.) À partir de ce moment-là, les quiprocos s'enchaînent jusqu'à conduire au sublime duo du dénouement qui voit Gilda mourir d'avoir transgressé les interdits paternels, et Rigoletto à jamais mort-vivant, inconsolable et découvrant trop tardivement que nos enfants ne nous appartiennent pas.
Si la mort permet finalement à Gilda de transcender la situation, Rigoletto restera pour toujours l'homme vaincu par un destin qu'il s'est lui même tracé.
Finalement, les deux thèmes centraux de cet excellent Verdi n'ont pas vraiment pris de rides en un siècle et demi : l'arrogance bling-bling des puissants ("Je l'aime, elle est belle, elle est intelligente, elle parle deux langues", suivi de "je l'aime, elle est belle, elle est intelligente, elle parle quatre langues" auraient tout aussi bien pu sortir de la bouche du Duc de Mantoue) ; quant aux enfants, malgré mai 68, le féminisme et toute la modernité du XXIe siècle, sommes-nous bien sûrs qu'ils ne nous appartiennent vraiment plus... Et le savent-ils eux-mêmes ? Je n'en suis pas certain.

samedi 10 mai 2008

Monumenta 2008 : Serra...té

Chouette idée, que cette Monumenta qui consiste à confier chaque année à un artiste d'assez forte pointure un combat en solitaire contre la nef du Grand Palais.
L'an dernier, c'était Anselm Kiefer (que je n'ai pas vu mais on peut se faire une idée de ce qu'il a proposé en allant ici.)
Cette année, Richard Serra dont on imagine qu'il a été sponsorisé par Lakshmi Mittal, propose une "Promenade" autour de 6 plaques d'acier de quelques mètres de large et quelques autres de haut.
C'est gigantesque, bien sûr... Vous pensez : 17 tonnes la plaque d'acier ! Enfin, ça devrait l'être, gigantesque. Sauf que dans le combat entre Serra et la Nef du Grand Palais (Architecte : Henri Deglane)... C'est la nef qui gagne, non seulement en gigantisme (en entrant, j'ai d'abord pensé que l'installation de Serra n'était pas terminée, tant elle parait insignifiante au premier coup d'œil), mais en élégance et en force.
Il est pourtant un point sur lequel nombre de visiteurs semblaient se retrouver : le besoin de photographier (ce qui est, bien heureusement, autorisé.) C'est qu'en fait le travail de Serra ne fonctionne que recadré, coupé, découpé, mis en morceaux, et que seule une vision photographique (avec ou sans appareil photo) permet de donner un tant soit peu de réalité à ce qui tient plus de l'exploit technique (aïe, aïe, aïe : comment ça tient ? T'as vu, la plaque, là, sur le côté, elle n'est même pas enfoncée dans le sol... etc.) que d'autre chose.
Comme il se trouve que je n'ai jamais vu d'autres œuvres de Serra in situ, mais uniquement en photo, je me demande d'un coup si le propre de l'œuvre de ce plasticien prométhéen n'est pas justement de n'être réellement visible qu'à travers le media photographique.

Photos : quelques vues du Grand Palais (ces photos ayant été prises avec mon téléphone portable, il n'est pas certain qu'elles illustrent parfaitement mon propos... C'est un peu du brut de fonderie, si je puis dire !)

mardi 29 avril 2008

"Bienvenue chez les ch'tis", côté verso

Si vous n'avez pas regardé France 3 hier soir, vous avez raté la face cachée de "Bienvenue chez les Ch'tis" et vous avez eu tort !
Ça s'appelle "Roubaix, commissariat central" et c'est beaucoup, mais alors, beaucoup moins rigolo que ce qu'on m'a laissé entendre de "Bienvenue..." (que je n'ai toujours pas vu par ailleurs.)
On y trouve un commissaire tout droit sorti d'un roman du Yasmina Khadra des débuts, immergé dans un paysage qu'il connaît par cœur (les scènes avec son copain Saïd sont un vrai morceau d'anthologie, et je serais surpris qu'on ne retrouve pas ces deux personnages assez rapidement scénarisés, tant ils ont de caractère et d'humanité) ; une victime mythomane ; une gamine violée interrogée par un flic attentif, maladroit et en même temps d'une grande douceur ; les parents d'une fugueuse qui se font sérieusement remettre à leur place par le commissaire ("vous allez la voir, votre fille, et vous allez lui offrir des fleurs et du chocolat, plutôt que de l'engueuler une fois de plus" explique-t-il à peu près au père) ; et l'improbable effet de toboggan (il paraît que ça s'appelle comme ça) qui conduit deux femmes à passer sous nos yeux du déni absolu à la reconstitution minutieuse et détaillée de l'assassinat de leur vieille voisine de courée.
Là, on atteint presque l'irréel. La garde à vue, les interrogatoires souvent border line mais incontestablement efficaces, l'humanité désespérante de ces deux criminelles dont on sent bien dans le regard qu'elles sont aussi d'une certaine façon, des victimes.
Comme dit Victor Hugo "Chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne", mais là, nous avons devant nous une représentation de cette classe de paumé(e)s qui ont échappé à (presque) toute éducation, tout droit sortis des 15% d'illettrés que compte la région, sponsorisées par une grande marque de bière ("On meurt de bière, dans vos courées" pour paraphraser Hugo encore et Blanqui) et dont l'attitude, souvent, bouleverse.
De mon point de vue, ce documentaire de Mosco Boucault est un petit chef d'œuvre. Sans doute les flics ne sont-ils pas toujours aussi humains ; c'est vrai, ils ont la part belle dans cette histoire, sans pour autant pouvoir passer pour des enfants de chœur. Mais ce sont de vrais drames qui se nouent et se dénouent au commissariat central de Roubaix et la façon de les monter a quelque chose d'exceptionnel.
Alors, à la prochaine diffusion, ne le ratez pas ! Ça ne vous donnera peut-être pas envie de vous installer définitivement chez les Ch'tis, mais ça vous donnera une idée assez juste de la face cachée de la région.

vendredi 11 avril 2008

Quand Le Figaro a le sens de l'à-propos...

(Cliquez sur l'image pour l'agrandir et la rendre plus lisible.)

Découvert sur le site du Figaro, ce téléscopage intéressant. D'autant plus intéressant qu'il ne s'agit naturellement pas d'un hasard, mais d'un travail d'association entre un mot clef ("anorexie", je suppose) et la pub qui est sensée bien aller avec...
Ce genre d'incident est assez fréquent, mais celui-ci est assez gros, si je puis dire.

Dans un autre genre, le site de Reporters sans frontières (www.rsf.org) mérite au minimum un premier accessit.
Il comporte en page d'accueil une bannière proposant de gagner par tirage au sort et pour une somme variant de 70 à 700 euros environ, une green card permettant de travailler aux USA. Si l'on clique sur la bannière, il ne reste qu'une solution pour s'en dépêtrer : redémarrer son navigateur ! En effet, toute tentative de quitter le site se solde par l'ouverture d'une succession infinie de pop-up !
Manifestement, Rsf s'en fout : le mail que je leur ai adressé il y a plusieurs jours pour les prévenir de cette arnaque est resté sans réponse et sans effet sur le site...

lundi 7 avril 2008

Flamme olympique tibétaine

Les manifestations londoniennes d'hier et le déploiement invraisemblable de forces de police prévu aujourd'hui à Paris pour "protéger" la flamme ("monte flamme légère, feu de camp si chaud si bon..." pour les anciens) me rappellent furieusement un très joli dessin de Siné en mai 68.
On voyait deux CRS matraqueurs tirant un manifestant par les cheveux ; l'un des deux disait : "Chef, il criait Liberté, alors on a cogné !"

jeudi 3 avril 2008

Résistance

Aujourd'hui,
43ème jour
depuis la sortie du film,
je n'ai toujours pas vu
"Bienvenue chez les ch'tis !"

mercredi 26 mars 2008

Vous avez dit culture ?

Ça ressemble à une blague de potache : la patron de la FNAC s'en va ; qui le remplace ? Le patron de Conforama. Non ? Si !
La Fnac va donc désormais vivre à l'heure du pays où la vie est moins chère. Déjà que l'enseigne avait fait de gros progrès en sabotant son rayon jeunesse, le mouvement va pouvoir s'amplifier avec les bonnes vieilles méthodes éprouvées du marchand de salons premier prix.
On va pouvoir enfin choisir économiquement nos lectures : "Notre premier prix", "2 Amélie Nothomb achetés, un gratuit", les bonnes affaires et les promos, etc., etc.
Les têtes de gondole de l'agitateur d'idées vont en faire une drôle de.
Mais bon, comme dit l'autre "Tout va bien ne t'en fais pas."
Sûr qu'il va nous prouver qu'il est capable de continuer à vendre des livres, le nouveau patron de la Fnac. Pas n'importe lesquels, d'accord, mais vendre des livres quand même. C'est ça qui compte, non ?

vendredi 29 février 2008

Que lui a-t-il donc répondu ???

Erri De Luca a écrit à Nicolas Sarkozy.
Une très belle lettre que vos pourrez lire ici :


Tout ce qu'on sait, c'est qu'Erri De Luca a reçu une réponse négative. Tout ce qu'on espère, c'est que ce ne fut pas "casse-toi, pauvre con !"

lundi 28 janvier 2008

Trader...idéra et tra-la-la !

Le plus stupéfiant, dans l'histoire de Jérome Kerviel (je ne vous mets pas de lien, je suppose qu'on trouvera son nom dans la prochaine édition du Petit Larousse illustré), ce n'est pas qu'il ait réussi à jouer avec 50 milliards d'euros que la Société Générale ne possédait même pas, ce n'est pas que M. Bouton, patron innocent de la banque ose affirmer que cet incident est le fait d'un individu isolé et qu'il était impossible de l'éviter, ce n'est pas qu'on puisse se dire "désormais tout est possible" en matière de criminalité financière, comme on s'est dit "désormais tout est possible" en matière de terrorisme après le 11 septembre (ce qui, soit dit entre nous, facilite bien la vie de certains scénaristes foireux, mais c'est une autre histoire.)
Non, le plus incroyable c'est que, alors qu'on n'a pas d'argent pour ou contre (en vrac et sans souci d'exhaustivité) : les banlieues, les SDF, les chômeurs de Romans-sur-Isère, les jeunes qui sortent du système scolaire sans qualification, la faim dans le monde, le Sida, la lutte contre la maffia russe, napolitaine, sicilienne, bulgare, sud-américaine, le trafic de drogue ou je ne sais quoi d'autre... il n'a fallu que 24 heures pour trouver 5 milliards d'euros (33 milliards de francs, pour ceux qui ont des soucis de conversion) pour recapitaliser l'auguste banque !
Fortiches, les mecs ! 24 heure pour trouver 5 milliards, vous vous rendez compte : 5 fois le plan banlieues de la pauvre Fadela Amara, la quasi totalité du budget annuel de la Justice (pour ne donner qu'un ou deux exemples rapides.)
Bel exemple de réactivité dont nos politiques devraient s'inspirer, je trouve...
Parce que c'est comme ça mon bon monsieur : quand on veut, on peut !

samedi 12 janvier 2008

"Nouvelles" technologies

Internet et les "nouvelles technologies de l'information et de la communication" plus connues sous le sobriquet de NTIC demandent, que dis-je, exigent l'utilisation de technologies de haut vol et d'une grande subtilité.
Mais quand on ouvre la porte, il arrive qu'on découvre dans le placard des choses plutôt cadavériques !
Regardez plutôt la jolie tête de ligne France Télécom de l'immeuble dans lequel je travaille. Là-dedans il y a quelques bonnes vieilles lignes analogiques, bien sûr, mais aussi du Numéris (presque) dernier cri et des lignes sdsl à haut débit.
Si c'est pas du Hi-Tech, ça, je veux bien être pendu.
Et ça marche ? Parfaitement Madame. Enfin, souvent.

Photo : authentique tête de lignes FT photographiée ce 8 janvier de l'an technologique 2008.

jeudi 10 janvier 2008

Étonnants belgicismes

Pour celles et ceux qui ne suivraient pas de très près les querelles intestines de nos voisins d'outre-Quiévrain, voici deux anecdotes qui m'ont été rapportées de première main, l'une par un Français habitant dans la banlieue de Bruxelles et l'autre par un Belge vivant en France mais dont la sœur habite également dans le banlieue de Bruxelles.
Première anecdote : Bruxelles étant une région bilingue, les véhicules de transport en commun informent par des petits panneaux écrits en français et en néerlandais (vous savez, ces petits panneaux du genre "e pericoloso sporghersi" et autres urgentes informations.)
Mais voilà, certains de ces transports en commun mènent de Bruxelles à des destinations géographiquement placées en région flamande. À la frontière, le conducteur doit donc s'arrêter et démonter les inscriptions en français. Car en Flandres, on ne parle que flamand, et il est exclu de renseigner un francophone dans sa langue. Un passager mécontent d'un chauffeur qui avait omis ce démontage a porté plainte contre lui. Ben voyons !

Seconde anecdote : Même pas une anecdote, d'ailleurs. Simple application de la Loi. La personne dont il est question, qui est francophone, tient un magasin en zone flamande. Non seulement il lui est interdit d'afficher le moindre texte en français dans son magasin ou à l'extérieur... mais s'il est surpris à parler en français (à un client français, par exemple), il risque une amende !
Vous ne me croyez pas ? Vous avez tort.

Rassurez-vous : il reste quelques flamands qui oseront vous répondre en français si vous vous égarez en Flandres.... Mais pas tous, loin de là (et vous avez tout de même intérêt à bien montrer que vous n'êtes pas belge...)

Maintenant, reste quelques questions : Y a-t-il des informations bilingues dans les magasins wallons ? Je vous avoue que je n'en sais rien, mais je pense qu'un commerçant qui se risquerait à afficher du flamand dans son magasin ne risquerait pas de pénalités. Les wallons répondent-ils à un flamand égaré qui leur demande un renseignement ? Il faut avouer qu'il y a assez peu de wallons qui parlent le flamand (alors que, pour des raisons historiques, il y a pas mal de flamands qui parlent français), je doute donc qu'ils soient capables de répondre correctement.

Pourquoi tant de haine ? C'est une trop longue histoire pour la raconter sur un blog (et d'ailleurs, j'en serais bien incapable.)

mercredi 9 janvier 2008

La culture comme on l'aime

Nicolas Bolloré-Sarkozy (puisqu'il est bien connu qu'il n'y a pas l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarettes entre les deux hommes) a donc eu l'idée géniale de supprimer la pub à la télé. Enfin !
C'est très intéressant, parce que c'est une idée qui se situe dans une vraie, authentique, déterminée, et courageuse politique culturelle.
Suivez-voi, nous allons faire un peu de goniomètrie. Pour trouver où se situe l'épicentre de la politique culturelle de Nicolas (aiguillonné par les idées révolutionnaires de l'égérie de la chanson anorexique ?), il suffit de 3 points :
- le premier, nous l'avons vu, c'est la fin de la pub sur les chaînes publiques. Je ne m'apesantis pas sur tous les avantages de cette astucieuse mesure : les actionnaires de TF1 et M6 ont immédiatement compris le plus évident, mais ce n'est pas le seul !
- le deuxième, c'est cette remarque incidente il y a quelques semaines : "Arte, ce ghetto culturel".
- le troisème, c'est, vous l'avez deviné, les fiançailles de Carla et Nicolas à Disneyland, divertissement que l'heureux couple préfère sensiblement à une soirée passée devant la chaîne franco-allemande.

Nicolas prétend que son auteur préféré est Céline. C'est un modeste, il vous dit ça parce qu'il n'ose pas avouer qu'il s'intoxique au Journal de Mickey, il craint que vous ne trouviez ça trop intello...

N'empêche, j'ai hâte de voir les émissions que nous concoctera la télé publique quand Arte aura fermé ses lucarnes...

NB, pour des raisons bizarres, je ne peux plus alimenter ce blog en images... La situation devrait revenir à la normale un jour où l'autre.