samedi 30 juin 2007

Message au Président de la République


L'avantage des NTIC, c'est qu'on peut désormais écrire à plein de gens très importants sans sortir son beau papier à lettres et sans faire d'efforts surhumains de lisibilité. N'importe qui a désormais un mail... Et même pas n'importe qui puisque notre Président de la République lui-même est accessible par ce canal !
Il suffit d'aller sur le site de la présidence, on y trouve un petit coin bien pratique pour écrire. Il me semble que cet usage pourrait être salutaire. À condition, bien entendu, de respecter les formes qui s'imposent (je suis un peu vieux-jeu.) Hier, donc, j'ai envoyé ce petit courrier. Promis, dès que j'ai la réponse, je vous la fais partager.
NB : Et si certains ont l'idée d'envoyer à leur tour une requête du même ordre...


Monsieur le Président de la République,
L'hommage que vous avez rendu au Chef d'escadron Norbert Ambrosse était fort émouvant.
La mort tragique de ce serviteur de l'État méritait sûrement autant d'attention et de compassion.
Mais le jour même de la mort de ce gendarme, un gamin de 14 ans qui n'avait rien demandé à personne a été écrasé par un autre serviteur de l'État, dans des conditions d'autant plus dramatiques que, si l'on a bien compris le Procureur de la République, le jeune garçon traversait sagement « dans les clous » et que que le policier-chauffeur ne participait pas à une mission qui eût pu justifier une infraction violente au code de la route.

Sur cette mort tout aussi tragique, pas un communiqué, pas un mot, pas un geste de la part du Président de la République.

Auriez-vous, Monsieur le Président, l'extrême obligence de m'expliquer pourquoi cette différence de traitement ?
Faut-il comprendre qu'il est plus grave pour un délinquant de tuer un gendarme que pour un policier de tuer un enfant innocent ?

Dans l'attente de votre réponse, je vous prie de croire, Monsieur le président, à l'expression de ma haute considération

Photo : accusé de réception de mon message. Malheureusement, j'ai dû bouger en faisant ma capture d'écran...

mercredi 27 juin 2007

Il faut sauver le journal "Les Échos" !

Le groupe anglais Pearson s'apprête à vendre le quotidien "Les Échos" à Bernard Arnault, le patron du groupe LVMH. En échange, celui-ci cèderait "La Tribune" à on ne sait qui.
Mais voilà : tous les lecteurs des Échos le savent, ce journal est passionnant parce qu'il n'a pas de liens qui l'enchaîneraient aux grands acteurs du capitalisme français.
Son arrivée dans le groupe de Bernard Arnault sonnerait le glas de son indépendance. Ce serait réellement dommage ! J'avoue prendre toujours un grand plaisir à le lire : on y trouve régulièrement des infos, des interviewes, des données économiques qui ne sont pas enfermées dans un discours langue-de-bois. Mondialisation, concurrence, efficacité des mesures gouvernementales... Il n'est pas un numéro des Échos dans lequel on ne trouve matière à réflexion (sauf à être totalement déconnecté de la vie économique et politique, sans doute.)
Alors, voilà : que Bernanrd Arnault garde donc "La Tribune", dont les journalistes reconnaissent qu'y faire son travail honnêtement, c'est pas de la tarte, et que Pearson trouve donc un autre acheteur, le plus loin possible de l'hexagone.

mardi 26 juin 2007

Panne d'inspiration à la présidence ?

Dans la nuit du 23 au 24 juin dernier, le chef d'escadron de gendarmerie Norbert Ambrosse a été tué au cours d'une intervention. Dès le dimanche, la présidence de la république s'est fendue d'un émouvant communiqué. Quoi de plus normal ?
Le même samedi, un peu plus tôt je crois, un gamin de 14 ans qui traversait la rue dans les passages protégés a été tué par un jeune policier stagiaire qui s'est cru autorisé à brûler un feu rouge à vive allure sans motif aucun.
À l'heure qu'il est, la présidence de la république, en panne d'inspiration, ne s'est toujours pas fendue d'un communiqué.

Pourtant, il suffirait de s'inspirer du précédent. Ça donnerait à peu près ceci :

"Après le décès dans les Bouches du Rhône du jeune adolescent heurté par un véhicule de police alors qu'il traversait tranquillement la rue, le Président de la république tient à adresser à l'ensemble de sa famille et de ses proches ses plus sincères condoléances et son profond soutien.
Il souhaite que tous les auteurs de cet acte soient rapidement interpellés afin d'être remis à la justice.
Le Président de la république rappelle une nouvelle fois que les forces de l'ordre ne sont aucunement au-dessus des lois et qu'elle n'ont pas à ajouter de l'insécurité à l'insécurité contre laquelle elles sont censées lutter. Il redit son soutien à la famille dans ces circonstances douloureuses."


Voilà, c'était pas grand chose, mais je suppose que ç'aurait été un tout petit réconfort pour les parents...

jeudi 21 juin 2007

28 918 918, 918

Il y a des nombres dont on peut dire qu'ils ont une élégance naturelle.
Regardez ce triolet de 918 ! C'est pas beau, peut-être ?
Pas seulement élégant, mais harmonieux et intriguant...
Un beau nombre, bien sûr, a forcément une signification. Prenez celui-ci, par exemple : vingt-huit millions neuf cent dix-huit mille neuf cent dix-huit virgule neuf cent dix-huit euros, c'est le montant moyen des stocks-options détenues par les 37 Pdg du Cac 40 qui en possèdent.
Cette moyenne cache bien sûr de grandes disparités. Pour un Zacharias qui en détient pour 254 millions, il y en a forcément quelques uns qui n'ont pas grand chose... Même chez les riches il y a des pauvresi!

Ça vous choque ? Allons, allons, écoutez plutôt ce que déclare (Face, juin 2007) Edmund Phelps, Prix Nobel de l'Économie 2006i:
"L'Europe se trompe quand elle vilipende le commerce et le désir de faire de l'argent. Si certains éprouvent du plaisir à gagner de l'argent, où est le mali?"


Ah, au fait, puisque vous me posez la question, les 3 malheureux Pdg du Cac 40 qui n'ont pas droit aux stocks-options, sont ceux d'EDF, de France Telecom et de GDF. Heureux les Pauvres, car le Royaume des cieux leur appartient... Amen.

Photo Diane Bondaref, trouvée ici.

lundi 18 juin 2007

Tu veux un camembert ?

Le journal Le Monde, très sérieux quotidien du soir, se livre aujourd'hui à un exercice de fabrication de camemberts enrichis au bulletin électoral (voir ici, tant que cet article indispensable à la compréhension de la vie politique française restera en ligne.)
L'auteur inspiré de ces fromages nous explique, sous forme de graphiques et sans l'ombre d'un sourire, ce qu'aurait donné la composition de notre nouvelle Assemblée si nous avions eu un système électoral différent. Notre brillant commentateur, s'appuyant sur les résultats du premier tour, passe ainsi en revue 6 systèmes, du "vrai", qui donne l'Assemblée que nous avons élue, aux compositions les plus exotiques : version au bulletin entier (100% de proportionnelle), version au bulletin écrémé à 15%, version mi-figue, mai-raisin (moitié-moitié ou, comme disait ma voisine parlant de l'équilibre fruits/sucre dans la confiture, "kilo-kilo"), sans oublier les improbables méthodes artisanales à l'allemande ou à l'anglaise.
Dieu merci, cela nous donne toujours une absolue majorité UMP, manquerait plus que ça !
Mais ça permet au MoDem de Bayrou d'évoluer de 2 sièges à 61 ! En voilà un qui devrait être content...
Évidemment, la seule chose que n'envisage pas notre brillant analyste, c'est que sur les 6 systèmes explorés, un seul (le français) est un système à deux tours. Et que la probabilité pour que les électeurs aient voté de la même façon dans un système à un tour que dans un système à deux doit être assez voisine du zéro absolu.
Voilà qui me rappelle ce vieux dicton que ma tante aimait à répéter pour brider l'imagination débordante dont faisait preuve la jeune génération : "avec des si, on mettrait Paris en bouteille !"
Cette cuisine journalistique, plutôt qu'à des camemberts, ressemble à du fromage de prise de tête !
Allez, ils sont sans doute pas payés cher, au Monde, mais au moins, ils rigolent bien !

Photo : ce camembert qui m'a l'air bien meilleur que ceux du Monde, vient de ce site.

lundi 11 juin 2007

Le pouvoir est au bout des ciseaux !

Je parlais incidemment hier de la méchante vidéo qui circule sur le Net, montrant Président Sarkozy qui ne l’est pas très (net).
Cette courte vidéo pose problème. Sans la TV belge d’abord, puis Internet qui a relayé l’information façon crieur sur la place publique, nous n’aurions jamais su que M. Sarkozy avait été pris non point la main dans le sac, mais le nez dans le carafon.
Et l’on ne peut s’empêcher de penser que, décidément, ça fait beaucoup : il y a un an, l’affaire Genestar (censure à rebours : ce n’est pas l’article sur Cécilia Sarkozy qui est censuré, mais son auteur, ou du moins le responsable de sa publication), il y a quelques semaines l’affaire de l’abstention de Cécilia (encore elle, décidément.) Aujourd’hui, personne ne parle de censure… Force est donc de parler d’auto-censure. Quand Jean-Luc Delarue pête un cable après avoir absorbé trop de boissons fortes et autres cachets plus ou moins licites, toute la France en parle ; pourquoi a-t-il donc fallu attendre que nos amis belges osent diffuser cette éloquente conférence de presse et qu’Internet la rende accessible à tous pour que les organes de presse français se décident à en parler ? Étaient-ils donc absents de cette conférence de presse ? N’avaient-ils rien remarqué ? Étaient-ils eux-mêmes, tous ensemble, entrain de boire un canon au bistro du coin ?

Le plus grave dans cette affaire c’est paradoxalement que nulle part n’apparaît la main de Sarkozy au bout des ciseaux ! Les journalistes ont donc vite appris la leçon : tenir les ciseaux soi-même pour ne blesser personne, telle est la règle d’un presse bien élevée.

L’ère Sarkozy s’ouvre donc de façon manifeste sous l’œil goguenard d’Anastasie…Vigilance ! Ne laissons pas le pouvoir revenir aux pratiques des années soixante-dix, quand un Ministre de l’Intérieur pouvait encore se permettre d’interdire un livre politique sans que ça dérange grand monde. Nous n’en sommes pas très loin : voyez cet acharnement du Ministère de l’Intérieur contre le groupe de rap « La Rumeur » auquel la Justice a donné par deux fois quitus de ses formulations mais contre lequel le Ministre s’acharne depuis 2002 et se pourvoit en Cassassion (au risque, Dieu merci, de se ridiculiser.)

Photo du haut : petits ciseaux à censurer discrètement. Très pratiques pour éviter la publication d'un nom dans une affaire délicate.
Photo du bas : ciseaux à censurer sans complexes. Du genre de ceux qu'on remet en service actuellement, sans doute.

dimanche 10 juin 2007

Monsieur 1%

En cette soirée électorale au cours de laquelle on nous rebat les oreilles de pourcentages de voix, de sièges et de projections diverses, j'aimerais vous parler d'un chiffre très symbolique : 1%.
De quoi s'agit-il ? Je vous le donne en mille ! Le patronat de la métropole lilloise s'est auto-sondé (si l'on m'autorise cette expression) pour savoir lesquelles des réformes envisagées par N. Sarkozy étaient les plus urgentes.
Et parmi toutes les réformes lancées tambour battant par notre fringant président (tiens, au fait, vous avez vu ça : lui qui en pleine campagne nous disait ne boire que de l'eau... Il semblerait que son ami Poutine lui ait fait découvrir le goût de la vodka. C'est en tout cas ce que laisse entendre cette malveillante vidéo !), parmi toutes ces réformes urgentes, donc figure comme chacun sait l'indispensable bouclier fiscal, celui qui limite les prélèvements qu'on peut exiger de vous à 50% de vos revenus. À entendre notre bon Président, il y avait urgence, tant nos malheureux riches se faisaient du mouron à l'arrivée de leur feuille d'impôt...
Oui, mais voilà : seuls 1% des patrons lillois, scientifiquement interrogés par un institut d'étude de marché ayant pignon sur rue, estiment que cette réforme a un caractère d'urgence.
Les riches ne seraient-ils pas là où on les attend : chez les chefs d'entreprises ? Ou bien M. Sarkozy serait-il le président de 1% des Français, c'est à dire d'une toute petite partie des chefs d'entreprises (mon ami Bolloré, mon ami Lagardère, etc.) bref, cette réforme urgentissime ne concernerait-elle en réalité que la poignée d'invités que M. Sarkozy a conviés au Fouquet's le soir de son élection ? Bizarre, bizarre.

Image : je l'ai piquée sur Internet et j'ai honte, parce que si ça se trouve, je l'ai piquée à des pauvres... Si je retrouve d'où elle vient, promis, juré, je mets un lien. Voilà, c'est fait !