mardi 15 mai 2007

Messieurs les censeurs, bonsoir !

Ma réflexion d'hier sur les déboires votatifs de Cécilia S. me rappellent juste à propos de vous parler de l'excellente édition que viennent de réaliser quelques flaubertiens rouennais, dont l'adorable libraire Élisabeth Brunet (70 rue Ganterie, 76000 Rouen.)
Il s'agit du fac simile de l'exemplaire de Madame Bovary sur lequel Flaubert soi-même a indiqué les passages censurés par le directeur de La Revue de Paris et son joyeux acolyte Maxime Du Camp lors de la toute première publication en plusieurs livraisons de ce roman de débutant. C'est très joliment et proprement fait, et en plus, ça ne coûte vraiment pas cher (29 € + port, c'est donné.)
Les deux volumes sont accompagnés d'un petit fascicule contenant un historique de l'affaire, quelques fac simile du brouillon de Flaubert ainsi que de la copie réalisée pour l'imprimeur et de larges extraits du réquisitoire impérial et de la plaidoirie. Il se termine par le jugement (Happy end : Flaubert a finalement été acquitté, malgré les réquisitions de celui-là même qui fit condamner Baudelaire quelque temps plus tard.)
Bien entendu aujourd'hui, tout le monde a oublié le nom de ce procureur imbécile, alors que personne n'a oublié, ni Flaubert, ni Bovary.
Il en est toujours ainsi avec les histoires de censure : ce sont toujours les imbéciles qui perdent. À la fin.
(NB pour l'histoire : le sous-censeur de l'affaire du JDD est le directeur du journal. Pour tenter de graver son nom à jamais dans l'histoire, je le rappelle ici : Espérandieu. Moi pas trop.)

Ci-dessus une double page avec les annotations de Flaubert. Cliquez sur l'image pour pouvoir lire le texte.

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