- Eh oui, je l'ai vu le prix de l'essence. Environ 1,45€ le litre de Super machin 95 aujourd'hui.
- Ouais, bien dis-donc, c'est vachement cher. Encore un peu et je ressors mon vieux biclou ! Dommage que j'aie si mal au genou.
- Cher, cher, comme tu y vas. 1,45€ le litre, ça veut dire qu'avec un Smic à 8,63€ tu peux t'acheter 6 litres de super.
- Quoi, 6 litres seulement ? Mais tu vas nulle part avec 6 litres !
- C'est vrai, tu vas pas très loin. Mais regarde un peu dans ton rétroviseur : il y a juste 40 ans, en mai 68...
- Ah ! Ouais, super, Mai 68, qu'est-ce qu'on s'est marrés ! Tu te souviens ?
- Oui, oui, mais à cette époque...
- Justement, à cette époque, l'essence était pratiquement donnée !
- Ben en réalité, pas tout à fait, elle était à 1,04 franc.
- Tiens, qu'est-ce que je te disais : donnée elle était l'essence. Je me souviens, on mettait 20 litres dans la deuche, et roulez jeunesse !
- C'est à dire que, en fait, tu vois, 1,04 franc, en euros constants, ça fait 1,12 euros d'aujourd'hui.
- Ah ? Tant que ça ?
- Ben oui, mon lapin, et avec un Smic à 3 francs (après les accords de Grenelle), soit 3,24€ en euros constants, finalement, le smicard, avec une heure de boulot, il ne se payait même pas 3 litres d'essence. Et de l'ordinaire, encore !
- Attends, t'es en train de me dire qu'en roulant au Smic, on peut polluer deux fois plus aujourd'hui qu'il y a quarante ans quand la vie était si belle ?
- Ben en quelque sorte, oui...
mercredi 21 mai 2008
mercredi 14 mai 2008
Rigoletto
L'Opéra de Lille donne actuellement un magnifique Rigoletto, avec en particulier Stefano Antonucci dans le rôle titre et Stacey Tappan dans celui de Gilda.
Rigoletto (G. Verdi, 1851, d'après Le Roi s'amuse de V. Hugo), c'est bien sûr une sévère critique des puissants qui s'amusent aux dépends des obscurs, des sans-grade, comme ce pauvre bouffon bossu de Rigoletto, mais c'est aussi la malédiction (titre original de l'œuvre) qui s'acharne sur Gilda et son trop possessif père, Rigoletto. À force de vouloir faire son bonheur malgré elle, les choses se terminent mal...
À Lille, le duo Rigoletto-Gilda fonctionne à merveille. À la fin du 2e acte, les deux protagonistes fusionnent dans un duo qui vous met les larmes aux yeux. Au début du 3e, Rigoletto donne la mesure du malentendu ("Elle est mon seul bien", dit-il.) À partir de ce moment-là, les quiprocos s'enchaînent jusqu'à conduire au sublime duo du dénouement qui voit Gilda mourir d'avoir transgressé les interdits paternels, et Rigoletto à jamais mort-vivant, inconsolable et découvrant trop tardivement que nos enfants ne nous appartiennent pas.
Si la mort permet finalement à Gilda de transcender la situation, Rigoletto restera pour toujours l'homme vaincu par un destin qu'il s'est lui même tracé.
Finalement, les deux thèmes centraux de cet excellent Verdi n'ont pas vraiment pris de rides en un siècle et demi : l'arrogance bling-bling des puissants ("Je l'aime, elle est belle, elle est intelligente, elle parle deux langues", suivi de "je l'aime, elle est belle, elle est intelligente, elle parle quatre langues" auraient tout aussi bien pu sortir de la bouche du Duc de Mantoue) ; quant aux enfants, malgré mai 68, le féminisme et toute la modernité du XXIe siècle, sommes-nous bien sûrs qu'ils ne nous appartiennent vraiment plus... Et le savent-ils eux-mêmes ? Je n'en suis pas certain.
Rigoletto (G. Verdi, 1851, d'après Le Roi s'amuse de V. Hugo), c'est bien sûr une sévère critique des puissants qui s'amusent aux dépends des obscurs, des sans-grade, comme ce pauvre bouffon bossu de Rigoletto, mais c'est aussi la malédiction (titre original de l'œuvre) qui s'acharne sur Gilda et son trop possessif père, Rigoletto. À force de vouloir faire son bonheur malgré elle, les choses se terminent mal...
À Lille, le duo Rigoletto-Gilda fonctionne à merveille. À la fin du 2e acte, les deux protagonistes fusionnent dans un duo qui vous met les larmes aux yeux. Au début du 3e, Rigoletto donne la mesure du malentendu ("Elle est mon seul bien", dit-il.) À partir de ce moment-là, les quiprocos s'enchaînent jusqu'à conduire au sublime duo du dénouement qui voit Gilda mourir d'avoir transgressé les interdits paternels, et Rigoletto à jamais mort-vivant, inconsolable et découvrant trop tardivement que nos enfants ne nous appartiennent pas.
Si la mort permet finalement à Gilda de transcender la situation, Rigoletto restera pour toujours l'homme vaincu par un destin qu'il s'est lui même tracé.
Finalement, les deux thèmes centraux de cet excellent Verdi n'ont pas vraiment pris de rides en un siècle et demi : l'arrogance bling-bling des puissants ("Je l'aime, elle est belle, elle est intelligente, elle parle deux langues", suivi de "je l'aime, elle est belle, elle est intelligente, elle parle quatre langues" auraient tout aussi bien pu sortir de la bouche du Duc de Mantoue) ; quant aux enfants, malgré mai 68, le féminisme et toute la modernité du XXIe siècle, sommes-nous bien sûrs qu'ils ne nous appartiennent vraiment plus... Et le savent-ils eux-mêmes ? Je n'en suis pas certain.
samedi 10 mai 2008
Monumenta 2008 : Serra...té
Chouette idée, que cette Monumenta qui consiste à confier chaque année à un artiste d'assez forte pointure un combat en solitaire contre la nef du Grand Palais.
L'an dernier, c'était Anselm Kiefer (que je n'ai pas vu mais on peut se faire une idée de ce qu'il a proposé en allant ici.)
Cette année, Richard Serra dont on imagine qu'il a été sponsorisé par Lakshmi Mittal, propose une "Promenade" autour de 6 plaques d'acier de quelques mètres de large et quelques autres de haut.
C'est gigantesque, bien sûr... Vous pensez : 17 tonnes la plaque d'acier ! Enfin, ça devrait l'être, gigantesque. Sauf que dans le combat entre Serra et la Nef du Grand Palais (Architecte : Henri Deglane)... C'est la nef qui gagne, non seulement en gigantisme (en entrant, j'ai d'abord pensé que l'installation de Serra n'était pas terminée, tant elle parait insignifiante au premier coup d'œil), mais en élégance et en force.
Il est pourtant un point sur lequel nombre de visiteurs semblaient se retrouver : le besoin de photographier (ce qui est, bien heureusement, autorisé.) C'est qu'en fait le travail de Serra ne fonctionne que recadré, coupé, découpé, mis en morceaux, et que seule une vision photographique (avec ou sans appareil photo) permet de donner un tant soit peu de réalité à ce qui tient plus de l'exploit technique (aïe, aïe, aïe : comment ça tient ? T'as vu, la plaque, là, sur le côté, elle n'est même pas enfoncée dans le sol... etc.) que d'autre chose.
Comme il se trouve que je n'ai jamais vu d'autres œuvres de Serra in situ, mais uniquement en photo, je me demande d'un coup si le propre de l'œuvre de ce plasticien prométhéen n'est pas justement de n'être réellement visible qu'à travers le media photographique.
Photos : quelques vues du Grand Palais (ces photos ayant été prises avec mon téléphone portable, il n'est pas certain qu'elles illustrent parfaitement mon propos... C'est un peu du brut de fonderie, si je puis dire !)
L'an dernier, c'était Anselm Kiefer (que je n'ai pas vu mais on peut se faire une idée de ce qu'il a proposé en allant ici.)
Cette année, Richard Serra dont on imagine qu'il a été sponsorisé par Lakshmi Mittal, propose une "Promenade" autour de 6 plaques d'acier de quelques mètres de large et quelques autres de haut.
C'est gigantesque, bien sûr... Vous pensez : 17 tonnes la plaque d'acier ! Enfin, ça devrait l'être, gigantesque. Sauf que dans le combat entre Serra et la Nef du Grand Palais (Architecte : Henri Deglane)... C'est la nef qui gagne, non seulement en gigantisme (en entrant, j'ai d'abord pensé que l'installation de Serra n'était pas terminée, tant elle parait insignifiante au premier coup d'œil), mais en élégance et en force.
Il est pourtant un point sur lequel nombre de visiteurs semblaient se retrouver : le besoin de photographier (ce qui est, bien heureusement, autorisé.) C'est qu'en fait le travail de Serra ne fonctionne que recadré, coupé, découpé, mis en morceaux, et que seule une vision photographique (avec ou sans appareil photo) permet de donner un tant soit peu de réalité à ce qui tient plus de l'exploit technique (aïe, aïe, aïe : comment ça tient ? T'as vu, la plaque, là, sur le côté, elle n'est même pas enfoncée dans le sol... etc.) que d'autre chose.
Comme il se trouve que je n'ai jamais vu d'autres œuvres de Serra in situ, mais uniquement en photo, je me demande d'un coup si le propre de l'œuvre de ce plasticien prométhéen n'est pas justement de n'être réellement visible qu'à travers le media photographique.
Photos : quelques vues du Grand Palais (ces photos ayant été prises avec mon téléphone portable, il n'est pas certain qu'elles illustrent parfaitement mon propos... C'est un peu du brut de fonderie, si je puis dire !)
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