jeudi 23 août 2007

La démolition n'est pas une soirée de gala

Qu'on me pardonne ici de paraphraser le Grand Timonier, notre bon Président Mao. Mais en fait de révolution, la Chine connaît actuellement une grande période de démolition qui n'est pas de tout repos, mais inspire énormément les photographes chinois exposés cet été aux rencontres d'Arles.
Vous n'y êtes pas encore allés ? Ne me dites pas que vous n'avez pas eu le temps : vous avez encore jusqu'au 16 septembre.
Bien sûr, il n'y a pas que la Chine, tant s'en faut, à Arles, mais j'avoue que les photographes du Dashanzi Art District de Pékin m'ont bluffé.
Inspirés par la démolition/reconstruction que subit la capitale chinoise, ils n'en finissent pas de photographier cette mutation avec un talent incroyable (sans être un grand spécialiste, je ne suis pas loin de penser que la photographie chinoise actuelle est à peu près ce qui se fait de plus intensément intéressant aujourd'hui.)

Petits tirages en noir et blanc qui font revivre un squatt d'artistes et égrennent jour après jour le temps de la démolition ; est-ce abuser que de souligner que ce travail d'une grande poésie est justement construit par un couple de photographes sino(lui, Rongrong)-japonais(elle, Inri.) Manifestement, nous sommes après la guerre (celle des années 30, celle de la "révo cul dans la chine pop", celle de la dictature du prolétariat), et sur ses ruines se reconstruit sans doute quelque chose. D'une certaine façon, Rongrong et Inri sont les petits cousins de Georges Rousse.

Immenses tirages en couleur, impeccablement lisses et nets comme le permet aujourd'hui le numérique, qui laissent apparaître des foules (il y a presque toujours beaucoup de monde, sur les photos des chinois !) et quelque part, au douzième étage d'un building étincelant, regardant par la baie vitrée, une fille aux cheveux violets.

D'autres très grands tirages noir et blanc montrant des immeubles en construction permanente d'où surgissent de chaque ouverture hommes et femmes d'une société en mutation, tout cela est indescriptible : il faut aller le voir (vous aurez un tout petit aperçu en allant ici.)

À propos de Chine, j'aurais pu aussi dire un mot de Lao She (Quatre générations sous un même toit, une saga de 2500 pages dont j'ai lu le premier tome et qu'il faut recommander à tous ceux qui s'intéressent à la Chine) et plus contemporain, Qiu Xiaolong, le seul auteur de polar qui n'hésite pas à citer Jacques Derrida !



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