jeudi 6 mars 2014

Fougeron à la Piscine

Fougeron, la cuisinière endormie
Les Coings, ou La cuisinière endormie
Très belle rétrospective André Fougeron (1913-1998) à La Piscine à Roubaix, un musée idéal pour présenter l'œuvre de ce peintre autodidacte, membre du Parti Communiste de 1938 à sa mort, résistant et représentant quasi officiel du réalisme socialiste à la française.
Aujourd'hui, ce genre de message est naturellement un peu difficile à comprendre...
Fougeron, Dimanche matin d'une ménagère
Dimanche matin d'une ménagère

Sans doute faudra-t-il encore quelques années pour oublier l'histoire (voir le très intéressant billet de René Merle sur "La civilisation atlantique" et l'affaire du portrait de Staline) et regarder la peinture de Fougeron avec un œil innocent. Mais on peut d'ores et déjà s'y risquer. 

Quand il peint, Fougeron tape fort ! Et pas seulement quand il commet des affiches pour le PC, ni même quand il rend un vibrant hommage à André Houiller, militant communiste assassiné par un policier en civil alors qu'il collait des affiches justement illustrées par Fougeron lui-même.
Fougeron instille le drame dans le portrait même, et ses plus belles toiles sont sans doute celles qui se passent totalement de contexte, comme "La cuisinière endormie", généreusement donnée au Musée par ses héritiers.



Fougeron, Les Juges, Le pays minier
Les Juges, le pays des Mines (détail)
Au total, la rétrospective compte un nombre impressionnant de toiles, mais aussi de nombreux travaux préparatoires (dessins à la mine de plomb, gouchages, fusains, encres de Chine) tout à fait passionnants du point de vue de la genèse des œuvres.  La salle sur "Le pays des Mines" compte, outre des scènes de vie locale très réussies (le coulonneux, les coqueleux, les cyclistes...), un tableau-réquisitoire contre l'insécurité dans les mines (en 1950, 60 morts sur les 61 premiers jours de l'année ! note-t-il en marge d'un dessin), dont le portrait ci-contre est un détail hallucinant.

On l'aura compris, Fougeron n'a jamais peint un modèle qui ait gagné plus que le SMIC ! Son inspiration, ce n'est pas du côté de Vélasquez qu'il faut la chercher, mais plutôt de Goya ou de Courbet (à qui il rend un hommage appuyé.)
Mais allez donc voir par vous-mêmes : La Piscine à Roubaix.


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